Poème de Niyonizigiye Célestin
Le fragile
Ne me pose pas encore cette question !
Tamise tes mots, fais une bonne gestion.
Ce jeune n’est pas vieillard. Ne le juges pas
Sur la blancheur de ses cheveux. Ce n’est pas ça !
Ils sont décolorés par la fureur du monde,
Ses cocasseries et ses épines fécondes.
Les barbaries humaines ont dépeint ses yeux,
Ses oreilles sont blessées de tristes adieux ;
Tout lui est épée dans la plaie, tout est attaque ;
Il aime la vie qui le hait et le détraque.
Il déteste fort les afflictions qui l’adorent.
Il fuit le caïman taquin dans un lac qui dort.
Ne lui chantes pas des merveilles des études ;
Il ignore des lettres dans ses habitudes.
Ne demande pas des nouvelles de sa femme ;
Elle s’est éteinte, à plat sera son âme.
Ne parle pas des enfants, il est stérile.
Prends garde à son esprit tendu et coeur fragile.
Ne le gronde pas de ne pas vouloir marcher.
Fais-lui des béquilles, pour ne pas tout gâcher.
Nourris-le, n’étale pas sa faim sur la nappe.
Soigne-le, plutôt que de crier son handicap.
Il aimerait lui aussi être fortuné
Et voir la dure course de vie terminée.
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