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    La dernière souffrance

Chapitre 2

Sous-chapitre D

Le plaisir

La recherche du plaisir ou de distractions n’est pas ce que la joie est. Lorsque la sécurité et le confort fait partie de notre vie, la routine et l’ennui nous gagne et alors quoi de mieux que de rechercher les sensations agréables que nous procurent les distractions. Je ne juge aucune le fait de s’amuser ou de se distraire, mais d’être conscient encore une fois de ce qui engendre en nous ce mouvement de fuite et par de là, peut-être vivre autre chose de différent.

Pour les enfants, s’amuser est ce qui est naturel sans faire d’effort ou de lutte pour y parvenir, cependant, les adultes confondent le plaisir avec les distractions qui sont engendrées par le fait d’être seul et s’ennuyé. Ils obligent les enfants à se conformer aux normes de la société et ainsi aux désirs des adultes qui croient qu’ils ont raison. Pour les manipuler et les contrôler, ils utilisent des conditions, des ordres, des récompenses et des punitions. En vérité, ils cherchent inconsciemment à les juger pour obtenir gain de cause et satisfaire leurs sensations de puissance et d’autorité sur eux.

Lorsque nos enfants reçoivent des choses qui procurent des sensations agréables en échange de comportement et d’action en accord avec les croyances des parents et de la société, alors ils sont prisonniers des conditions qui créent les conséquences et deviennent facilement manipulables. En vérité, les parents qui punissent ou qui cherchent à faire plaisir aux enfants selon n’importe quel moyen, sont des gens qui désirent inconsciemment avoir des sensations agréables. Ainsi, ce n’est pas aux enfants qu’ils cherchent à plaire, mais à eux-mêmes. C’est très bien de se faire plaisir, cependant, sommes-nous conscients ou inconscients de ce qui engendre ces comportements ?

Nous ne voyons pas ce qui nous pousse à réagir ainsi, alors pouvons-nous comprendre ce que nos enfants pourraient vivre ? Jamais de la vie. Nous sommes entrain d’enseigner à nos enfants à vivre dans la peur et à souffrir lorsqu’une récompense n’est pas obtenue. Nous détruisons toute initiative par la peur de ne pas être conforme aux résultats, aux attentes que nous voudrions qu’ils réalisent. Une récompense est une punition, car elle permet de vivre selon les idéaux des autres et non par la liberté d’entreprendre quelque chose et la joie d’expérimenter personnellement ce choix. Je ne dis pas de ne plus donner de cadeaux aux enfants, mais de prendre conscience de ce point de vue et également de l’expliquer aux enfants afin qu’ils comprennent ce qu’est une récompense sans chercher à les obliger à faire quelque chose pour nous.

Les distractions sont associées avec la souffrance, car nous n’observons pas ce qui provoque en nous cette recherche, cette quête. Alors nous sommes conditionnés à tout faire en échange pour nous procurer ces sensations. Nous voudrions nous divertir parce que nous menons une vie sans création nouvelle, sans liberté et sans nouveau sentiment. Nous avons peur de l’inconfortable sans comprendre que cette peur crée toutes nos souffrances. Nous sommes esclaves de nos attentes, qui nous espérons, vont nous donner du plaisir.

Quelle belle sensation le fait d’être meilleur qu’un autre, être plus fort ou être plus habile. Ne trouvez-vous pas ? D’ou est venu cette envie de surpasser les autres ? Nous cherchons à devenir meilleur, à s’améliorer et pour nous le prouver, nous utilisons la comparaison avec les gens. Nous comparons nos résultats et alors nous croyons que la fin, le but, nos possessions, sont plus importantes que nos rapports avec les êtres humains, car elles apportent des faits visibles pour mesurer et évaluer. Cependant, les faits visibles ne sont pas les faits véritables. Nous tuons et massacrons les gens pour nos sensations agréables. En vérité, c’est à l’école que nous commençons profondément à oublier qui nous sommes pour chercher à devenir qui nous ne sommes pas par cette réaction engendrée par la peur qui se nomme la compétition. Rien n’est plus dommageable que le fait de chercher à être meilleur que les autres.

Le signe d’une personne qui ne s’aime pas, qui n’est pas conscient de lui-même est cette comparaison avec les autres afin de chercher à être meilleur et le prouver avec les possessions tant matérielles que mentales. Nous sommes des êtres primitifs actuellement et nous pensons être évolués. Nous ne voyons pas que nos désirs égocentriques de sensations sont la cause de nos souffrances et de nos douleurs depuis des milliers d’années. Il est facile de l’observer chez les autres, mais l’essentiel n’est-il pas de le voir envers nous-même ?

Le plaisir, les distractions, les divertissements, les sports, les jeux de hasard, ne sont ni bien ni mal. Ce que nous devons prendre conscience est la vérité présente et non ce qui devrait être. Nous sommes programmés comme des robots à fuir ce qui est vers ce qui devrait être et plus nous pratiquons ce mouvement et plus il nous possède sans être conscient. Il suffit de le voir, de nous observer, pour être libérés de la souffrance et ensuite choisir ce que nous désirons vivre comme plaisir. Il n’y a pas de joie véritable lorsque nous sommes obligés d’agir. L’obligation, le devoir, l’engagement, la discipline, la loyauté, l’échange et tout autre mot subtile que nous utilisons pour agir par la peur, font partie de nos croyances ou habitudes inconscientes profondes.

À première vue, nous croyons qu’il suffit de trouver de nouvelles façons pour se distraire afin d’être heureux. Mais nous ne sommes pas conscients que notre façon d’être soit identique quoi que nous fassions. Nous poursuivons une fin que nous voudrions agréable avec un état d’être qui est désagréable. Est-ce que vous observez ce mouvement en vous ? Notre état d’être est ce qui est désagréable, alors nous ne nous demandons jamais ce qui cause cet état d’âme, ce qui provoque ce sentiment. Comment pouvons-nous espérer être joyeux quand nous sommes perdus et prisonniers dans un mouvement de peur durant toute notre vie ? Ainsi, nous cherchons des solutions, des moyens ou des façons de s’amuser et se distraire, donc nous rendons un culte à ceux qui nous apportent nos sensations agréables, sécurisantes et de puissance en échange de notre liberté d’être. Un esprit confus ne peut pas créer autre chose que de la confusion, même s’il essaye très fort.

La recherche du plaisir, de la sécurité et du pouvoir sont devenus nos idéaux illusoires pour fuir la vérité de qui nous sommes. La dernière souffrance n’est pas de trouver un moyen extraordinaire et original pour s’amuser ou se divertir, mais de se comprendre simplement et voir que ce n’est pas le moyen ou l’objet qui est extraordinaire, mais l’être humain, ce que nous sommes à chaque instant.


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