Poème de Didounet
La tour
Les pieds dans l’eau, je regardais
L’immensité de cette tour
Qui, dans le ciel, disparaissait
Ignorant le compte à rebours
Symbole vivant d’éternité
Fil d’Ariane entre vie et mort
Elément d’un monde déchaîné
Je sors mes petits poings, j’ai tort ?
C’est ici que, enfant, je jouais
Je venais à pied, par la mer
Deux jours à marcher, quel trajet !
Deux jours au goût sucré, amer
Je savais mon chemin sans trace
Je sentais le vent dans mon dos
S’il faisait beau, à la surface
Par mauvais temps, au fond de l’eau
A peine arrivé, je grimpais
Pierre à pierre, l’île rapetissait
Et la douleur grandissait
Mes doigts lacérés, je léchais
Jusqu’à ce trou inaccessible
Dessiné pile pour mon profil
Silhouette d’enfant pris comme cible
Qui, d’étage en étage, file, file
Un jour, j’ai sauté de là-haut
J’ai volé avec les oiseaux
J’ai transpercé les nuages d’eau
La mer gonflait, quoi de plus beau ?
Pendant de longues années, dix, cent,
L’océan engloutit la tour
Lentement, méthodiquement,
Sans aucun remord, sans détour
J’étais content, j’avais bien joué
Je plongeais dans l’océan bleu
Par les dauphins accompagné
Jusqu’à la tour de mes aveux
Ephémère ancrage déifié
les Dieux l’ont-ils voulu ainsi ?
Hier, tu l’as toi-même admiré
tu l’ignorerais aujourd’hui ?
Les mains dans les poches, je regarde
Je suis revenu par la terre
Revoir cette tour sans garde
Isolée sur son îlot vert
Elle est minuscule aujourd’hui
Mémoire, me jouerais-tu des tours ?
Tours de vis pour des tours de vie
Je laisse ma place… à qui le tour ?
didierrichalet@hotmail.com
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